samedi, novembre 30, 2013

Appel à témoins, statistiques et curiosité

 

On attend toujours ici avec curiosité et une certaine délectation les comptes-rendus des séances du Conseil Municipal.

On a bien aimé celui du 28 novembre où on a vu Mme Dehestru et de M Laucher s'enferrer tout seuls pour trouver os à ronger dans des choses de tout petits formats.

Ainsi Mme Dehestru a montré aux yeux de tous qu'elle ignorait comment fonctionnait une entreprise en affirmant tout de go que le mécénat d'entreprise ne trouvait aucune grâce à ses yeux. L'idée est nouvelle et fort originale. On lui conseillera de s'informer a minima sur le sujet. A la suivre, les modestes et les pauvres n'auraient sans doute pas droit non plus aux lumières et à la Fête ? Le point de vue est là aussi original.
On reprendra ici la belle envolée de M Bingert «Monsieur le Maire, je m'insurge contre cette exploitation politicienne de la pauvreté des gens». Dont acte.

Mr Laucher lui est obligé de se rabattre sur des non-événements, des exemples de circonstance et de se prêter au petit jeu des insinuations pour tenter de porter ses critiques.

Il nous donne ainsi l'occasion de regretter ses absences à lui bien réelles, constantes et quasi permanentes aux diverses manifestations qui rythment la vie municipale. A tel point qu'on peut même se demander comme beaucoup de Guebwillerois : «Mais qui donc est ce Monsieur Laucher qui depuis si longtemps est opposant au Conseil Municipal?». On a même envie de lancer un appel à témoins : «Qui connaît Monsieur Laucher»? «Qui a déjà vu Monsieur Laucher?»

Pour ce qui est des comptages d'usagers on lui suggérera d'appuyer sa prochaine intervention publique sur le compteur bien réel lui de la nouvelle sanisette (chauffée) de la rue de la Marne et de faire part à la population de l'état de sa réflexion sur ce sujet hygiénique. En particulier à partir de quel seuil de fréquentation, donc de quel chiffre, un tel édifice pourra-t-il se justifier et trouver grâce à ses yeux ? Au niveau de la méthode et pour garder une dimension scientifique à l'étude on acceptera bien sûr de ne pas compter double les cas d'urgence même si pour nombre d'usagers l'utilisation de l'édicule ne saurait se réduire à simple matière statistique. Il y a sans doute des réalités humaines pressantes voire douloureuses bien au delà des seuls chiffres et cela est heureux.

On aura aussi noté dans le journal l'Alsace une curiosité dans la présentation de deux articles superposés qui, même s'ils sont du même registre politique, ne sont pourtant pas de même nature.

En l'occurrence celui de la relation de la séance du Conseil Municipal évoquée ci-dessus et celui de la «réunion organisée par un futur candidat»aux prochaines municipales en l'occurrence notre ami William.

Explications :

Présentation quasiment homothétique des deux articles ( typographie, taille des caractères, lisibilité, encadrés, conception etc...) donnant aux deux relations un statut visuel strictement identique.
Or une réunion d'une liste électorale et une réunion du Conseil Municipal méritent-elles un même traitement? Bien sûr pourra-t-on objecter … la sénatrice et présidente de l'UMP du Haut-Rhin, ce n'est pas rien quand même! L'objection ne tient pas pour ce qui est banalement une réunion d'engagement partisan pour des élections municipales locales.
Titre accrocheur avec un air d'intérêt général, texte plus court et quasiment central pour le second … tout un chacun un peu au fait du fonctionnement des habitudes de lecture sait bien que c'est ce texte là qui «accroche» en premier les yeux du lecteur de passage dans l'espace de la page.
Et donc en réalité pour le lecteur lambda la relation de l'événement à William passera AVANT celle du Conseil Municipal. Dit autrement :
William - Conseil Municipal : 1-0
On ergote? Vraiment? On imagine déjà les candidats de toutes les futures listes en présence demander le même genre de traitement objectif ou de neutralité, c'est selon. Va y avoir du mouvement.


NS

jeudi, novembre 28, 2013

Manifestation contre le racisme et l'extrême droite


Suite aux attaques subies par la Garde des Sceaux C.Taubira et au climat nauséabond apparu ces derniers mois dans notre pays un appel national a été lancé pour une grande marche contre le racisme et l'extrême droite.
Dans notre département elle  aura lieu à Mulhouse le samedi 30 novembre à 15 heures avec départ à la Porte Jeune.
Un covoiturage est organisé à partir de Guebwiller.
Rendez-vous à la gare à 14 heures.

dimanche, novembre 24, 2013

N’accablez pas le président !


LE MONDE | 22.11.2013
Je ne comprends pas pourquoi une majorité de Français semble faire porter une grande part de responsabilité dans les difficultés qu’ils connaissent à François Hollande. Je trouve, au contraire, que, en ces temps durs, il est le président que la France mérite pour retrouver sa prospérité et son rayonnement au cours des cinq ans que nous lui avons démocratiquement confiés.
Compétent, dévoué, ayant le sens des valeurs qui donne de la force et de la hauteur à la France et aux Français, il a le sens de l’Etat qui doit tous nous unir et faire de nous des citoyens républicains. Il faut le soutenir et l’aider, et non le critiquer injustement et dangereusement.
Le Breton que je suis déplore particulièrement ces « bonnets rouges » qui déshonorent ces deux belles patries, la France et la Bretagne, qu’ils n’aident pas non plus.
J’appelle le plus grand nombre de Français et de Bretons à soutenir le président Hollande dans sa volonté et ses efforts pour remettre la France au rang qu’elle mérite. Vous le jugerez le moment venu.
Jacques Le Goff (Historien)




mercredi, novembre 20, 2013

Ma tribune libre à moi!

 
La lecture des «tribunes» des différents groupes d'opposition du GUEB' la revue municipale de la Ville de Guebwiller recueille toujours un peu de mon attention même si elles sont sans grandes surprises et se résument généralement d'une phrase unique : «Tout ce que fait Rebmann est nul»!
Quelques remarques sur la dernière parution qui vient d'être distribuée en ville récemment.

M Denis Dotter qui s'était livré à un laborieux et calamiteux exercice en soliste dans le dernier numéro a retrouvé - bien obligé - son compère. Les deux signent cette fois de leurs seuls noms. Ils ne sont plus rien qu'eux mêmes et apparaissent tout nus, sans habillages, prêts pour de nouvelles mésaventures.
Le style jouit d'une certaine allure jusqu'à la chute finale. La leçon a porté. Bravo au rédacteur !
Sur le fond l'énoncé n'est que du banal. Au titre des curiosités, les deux dénoncent le ramdam qu'ils ont eux-mêmes organisé. Pour les places de parking ils consulteront avec profit la page 5 du GUEB'. Pour le reste c'est du maigre, du resucé et du recuit!

Mr Rost ressort en boucle les mêmes vieilles lunes, les mêmes contre-vérités et les mêmes obsessions depuis bientôt 6 ans. Il parle sans rire de sa grande expertise. Avec nostalgie, en regrettant le bon vieux temps, les yeux rivés sur le rétroviseur de sa voiture définitivement immobile, en panne générale pour cause de vétusté.

Le Groupe Guebwiller en Mouvement comme à son habitude présente bien les choses mais en oubliant les réalisations de l'équipe en place. Simple omission ou manque de place certainement. Le raccourci est rude et la charge exclusive. Mais c'est sans doute de bonne guerre !
On trouvera dans la masse de son «brouillon pour un programme» un peu de matière à débat si on évite bien sûr ce qui est hors sujet, approximatif ou banalement polémique...
En allégeant et en recentrant en somme.


N.S. 


vendredi, novembre 15, 2013

On nous écrit


Suite à notre récent appel à signatures "France, ressaisis-toi" nous avons reçu le mail suivant d'un de nos lecteurs:

"Bonjour,
J'ai signé. L'objectif de 10.000 signatures est largement atteint avec 30.000 signatures
L'extrême droite, rejointe par la droite dure type Copé me fait penser à la chasse faite à Salengro.
Rajoutez les bonnets rouges manipulés par les transporteurs, les PME. Comment ne pas penser à 1934, ou à 1973 au Chili ?
J'exagère sans doute mais j'ai froid... Ça pue ! "




mercredi, novembre 13, 2013

Appel "France, ressaisis-toi !"




Par solidarité avec Christiane Taubira, soutenez l'appel d'un élu de la République (Gustave Steevy, Adjoint au Maire de Brétigny sur Orge).

Signez l'appel : " France, ressaisis-toi"  en cliquant sur le lien suivant  http://franceressaisistoi.wesign.it/fr et diffusez-le très largement autour de vous.

« C'est pour qui la banane ? C'est pour la guenon ». C'est par ces mots qu'une fillette de 12 ans a brandi il y a quelques jours à Angers une peau de banane à l'endroit de Christiane Taubira. Après la comparaison simiesque dont notre Ministre de la Justice fut la cible quelques jours plus tôt par une candidate du Front national, ce sont des mots qui ne peuvent être tenus pour des « dérapages » comme la presse les qualifie avec une pudeur de violette. Ils sont tout au contraire le signe qu'une gangrène purulente est en train, sous nos yeux, d'infecter le pacte républicain.
Le mal est tellement avancé que ce sont des parents qui, le temps d'une manifestation, montrent avec fierté à quel point leur fille a été élevée dans la haine.

Christiane Taubira est une femme politique. Ses positions et son action sont critiquables. Notre soutien n'est pas là pour empêcher le débat démocratique. Mais nous, citoyens engagés, défendant le progrès de la société dans laquelle nous vivons ne pouvons pas accepter qu'elle soit attaquée sur sa couleur de peau ou sur son sexe.

Soutenez cet appel déjà signé par de nombreuses  personnalités pour marquer le refus d'une société qui se replie sur elle-même avec la banalisation de la parole raciste !

Signez et diffusez massivement l'appel  "France, ressaisis-toi !"
http://franceressaisistoi.wesign.it/fr

Refusons une société qui se replie sur elle-même !
Refusons la normalisation de la parole raciste !
Refusons l'instrumentalisation de nos valeurs à des fins politiques !
Condamnons fermement  toutes les formes de racisme et agissons pour que la haine ne mutile plus le corps de la liberté, l'âme de l'égalité et le cœur de la fraternité.

Au nom de nos valeurs républicaines, c’est au contraire dans l’union des citoyens que nous devons construire notre pays, préparer son avenir et retrouver la fierté d’une Nation qui ne saurait se nicher dans les ratiocinations, pas plus que dans la glorification de mauvaises passions.

samedi, novembre 09, 2013

 Mirza mon cher ami


Tu me donnais autre jour nouvelles de Boabdil. J'ai grand peine d'apprendre qu'il a dû s'éloigner en butte aux infidèles. Il était sage et doux et très sensible aux choses. Son exil me chagrine.

Je te rends grâces aussi de m'instruire des affaires du palais. Notre vizir bien aimé comme à son habitude envoie ses émissaires pour faire connaître à tous les édits qu'il promulgue dans sa grande sagesse. Il est homme sensé et porte grande attention au choix des messagers. Leur tâche est difficile pour dispenser partout les subtiles nuances de la pensée du Maître et ses désirs sacrés. Que son nom soit béni! Cela nécessite le temps qui fait mûrir les choses pour les faire comprendre et puis les accepter. Le rythme des leçons se doit d'avoir lenteur comme oranger qui pousse et porte ses pleins fruits tout au long des années.

Il n'en va pas de même ici pour asseoir les pouvoirs. C'est frénésie de rythmes. Ce sont nouvelles chantées dans les boîtes à images pour chaque jour qui vient. Elles changent au quotidien et font tant abondance, qu'on ne sait plus toujours de quoi il est question et où est l'essentiel.
L'ancien petit vizir qu'on trouvait agité appliqua la méthode pour asseoir sa puissance. Il sut un grand moment faire croire à tout son peuple les choses qu'il disait comme dans un beau spectacle. Les Francs comme les Persans aiment bien les histoires. Abondance nuit en tout. Il dut finalement laisser son siège à autre qui cherche encore son rythme et qui se dit normal.

Les rythmes de chez nous ont tempo plus paisible qui assure constance au long des mois qui passent. De temps immémoriaux les vertus du temps long sont choses naturelles et beaux cadeaux des dieux dans notre Empire de Perse. Le Ciel en soit loué.

Ceux qui font politique, dans le royaume des Francs, pratiquent moyens modernes nommés technologiques. Les objets de la science quand ils sont adaptés font davantage pensée que les pensées elles-mêmes : tel est le postulat que lancent les philosophes de ces nouvelles chapelles. J'ai du mal à comprendre. Il heurte grandement le cours de mes savoirs et la sagesse antique.

Dans la ville où je suis, parmi ceux qui postulent au siège du calife et qui font déjà bruits, chacun y va son style et use de sa méthode.
L'un affiche visage sur grands écrans fleuris dans les salles obscures. Son bonheur sublimine. Il a mis fleurs aussi à son petit carrosse. Autre rêve d'affiches dans cadres commerciaux et va mener campagne comme on fait les affaires et dans les Amériques. Ses conseillers s'activent. On les voit aux marchés.
Autre encore gazouille à longueur de journées dans étrange appareil qui lance petits messages aux caractères comptés. Il faut tout dire en signes. Elle y écrit de tout, de son chat, du calife, en toutes directions, mais reste au fleur des choses. Difficile sans doute d'y développer pensée. L'appareil est de mode : il faut y sacrifier jusqu'au prochain engin.

La calife quant à lui n'est pas dans la mêlée. Il distille ses pensées à toute les cités depuis longues semaines dans sa boîte à messages(*). Il y dit qui il est, le fond de ses idées et explique à chacun comment il voit les choses. Il est dans le temps long, celui qui fait mûrir, celui de l'oranger...

Uzbek


(*) Note du traducteur:
L'allusion au blog de Denis Rebmann est ici évidente. On le trouvera à l'adresse denisrebmann.blogspot.fr . On pourra également y accéder à l'aide du lien ci-contre mis obligeamment à disposition !

mercredi, novembre 06, 2013

La France raciste est de retour



Tristes dérapages anti-Noirs

Depuis longtemps, la France joue au bras de fer. Sa République contre sa société. Ses idéaux face à son quotidien. Deux forces opposées, en équilibre précaire, comme ces poignées de mains tenues en équerre par des biceps gonflés à bloc. La République, née de la révolution contre les privilèges, s'est dotée d'un triptyque impossible pour tordre le bras à la nature même des hommes : liberté, égalité, fraternité pour en finir avec la division, le rapport de force, l'assujettissement de l'autre. C'était sans compter l'homme derrière le citoyen. Cet insoumis refuse tous les diktats, et surtout ceux qui ambitionnent d'imposer de bons sentiments. Jamais, ni sous la terreur du Comité de salut public de ses débuts sanglants, ni après la tentative de Mai 68, la République ne parvint à l'égalité, la liberté et la fraternité.

Il y a pourtant une chose que la République a su créer : un sentiment d'appartenance et d'attachement national chez des gens de classes sociales différentes, de cultures différentes, de couleurs différentes. Je me vois peu, mais je ne me vois pas Noir. En tout cas, je ne me qualifie pas comme tel, en général. Je suis d'abord un homme, un fils, un frère, un mari et un père, un citoyen, un journaliste, un passionné et... oui, oui, c'est vrai, je suis noir. La République, son slogan et ses lois parviennent, la plupart du temps, à me le faire oublier.

Et voilà qu'une minorité grandissante qui se présente comme gardienne ou salvatrice de cette République française vient briser cette prouesse cocardière. Me voilà ramené à ma condition nègre. Me voilà attablé avec d'autres Noirs parce qu'ils sont noirs. Et me voilà en train de m'offusquer d'une idiotie qui ne m'atteignait guère : le racisme. Parce que l'expression de ce racisme, dans la bouche d'une candidate Front national aux municipales (exclue depuis), était primaire, parce qu'elle recourait à une iconographie profondément choquante qui niait au nègre le statut d'être humain, elle m'a amené à m'interroger, en tant que Noir d'abord, en tant que citoyen, fils, père et mari ensuite.

La France sursaute en se découvrant communautarisée, mais ce que je décris témoigne du fait que le communautarisme en France n'est ni naturel ni spontané. C'est une réaction née d'une duperie : le hiatus congénital entre la promesse républicaine et la réalité de la société française.

En vérité, le " dérapage " d'Anne-Sophie Leclere - qui a comparé Christiane Taubira à un singe - n'est pas pour me déplaire. Parce qu'il n'est pas qu'un dérapage, il est l'expression, peu reluisante, d'une vision du monde partagée au sein du Front national. S'il est faux de dire que tous les électeurs et militants du FN sont racistes, il était tout aussi faux de dire qu'il n'y a pas de racisme dans ce parti. La xénophobie, le racisme en constituent même le ciment essentiel. Et il n'est pas inutile que son vernis républicain, grossier maquillage dont Marine Le Pen le badigeonne consciencieusement, s'écaille de temps en temps.

Ce qui me chagrine, c'est le fond de racisme qui résiste au temps et aux mots d'ordre, pas seulement au sein du FN, mais au plus profond de la société française. C'est un héritage des temps anciens, une justification pour une domination suprême et criminelle : l'esclavage et la colonisation.

Mais ce racisme a laissé des traces et, si on était capable de lire l'inconscient des Français, on y découvrirait bien souvent un Noir naïf, s'exprimant dans un français approximatif, et dépourvu d'Histoire ou, tout du moins, d'oeuvre civilisatrice. Une vision que certains cultivent aujourd'hui encore, à leur corps défendant parfois. Combien de fois ai-je dû expliquer à un restaurateur ou même à un camarade que les vieilles affiches " Y'a bon Banania " qu'ils accrochent à leurs murs ne peuvent pas être regardées qu'avec amusement ou nostalgie. Comme certains albums de bande dessinée qui ont égayé notre enfance, elles laissent des empreintes d'un autre temps dans nos imaginaires.

Tant que l'on laissera ces peaux de Banania traîner dans nos cerveaux, des glissades et dérapages vers l'injure raciste sont à craindre. Surtout par les temps qui courent, avec cette crise qui alimente la xénophobie de son bien étrange carburant : la jalousie envers plus mal loti que soi.

Harry Roselmack
Journaliste
© Le Monde

Réaction parue dans le journal Le Monde de ce 6 novembre.

dimanche, novembre 03, 2013

 
Mirza mon grand ami,


 
Mes yeux pleurent de joie. Ce jourd'hui est béni. Il vient de me combler sans que je m'y attende d'une de ces visions qui remplissent bien la vie.

Je vais t'en narrer dans les détails l'exacte circonstance.

Mon corps me fait souffrance, tu le sais. Je m'évertue chaque jour de Dieu à faire quelqu'exercice pour lui donner souplesse.
Je vais donc en marchant par les rues de la ville où je suis. Elles sont de toutes tailles et de charmes divers. La route principale, celle qu'on nomme République, la traverse en plein cœur. Elle connaît grand encombre de ceux qui vont à pied ou par petits carrosses. On en voit même certains qui chevauchent étranges objets de fer qu'ils meuvent avec les pieds. Les pavés font secousses. J'admire leurs prouesses. Le calife prévoyant leur a fait nouvelle route afin qu'ils puissent s'ébattre sans risque de se nuire ou de nuire aux autres et offrir aux familles des lieux de promenades. Cela a grand succès. Les grognons vitupèrent comme à leur habitude. Ils fréquentent de nuit pour ne pas être vus.

Mais foin de ces remarques. Passant donc tout à l'heure devant échoppe à livres qui offre ses produits à tous ceux qui savent lire, mes yeux furent attirés par un de ces dessus qu'on appelle couverture. J'en tremble d'émotion. C'était ouvrage du Maître certes en petit format qui n'est pas familier et en langue locale. Je m'en suis approché pour en avoir cœur net. Mes yeux émerveillés voyaient au milieu d'autres les ineffables vers et les quatrains sublimes de notre Maître à tous, l'immense Sheikh Omar. (*)
Son œuvre est immortelle. Elle est donc de partout. C'est merveille de voir en toutes les contrées que les pensées du Maître nourrissent bien les hommes qui veulent comme nous croire que nature humaine peut s'élever en haut des contingences. Nous avons frères ici. Cela chauffe le cœur et réjouit mon esprit.
Je t'offre en cadeau un des quatrains que j'aime tiré de cet ouvrage en langue mécréante. Il n'a sans doute pas les saveurs de la Perse, ni la douceur des mots comme quand le Maître écrit. Mais s'il est imparfait son esprit s'offre à tous. Et là est la leçon.

Ne laisse aucune ombre de regret t'assombrir,
Aucune peine absurde obscurcir tes jours
Ne renonce jamais aux chants d'amour, aux prairies, aux baisers,
Jusqu'à voir ton argile se fondre dans une plus ancienne. [24]

Je t'embrasse mon très cher ami.

Uzbek



(*) Note du traducteur: Uzbek évoque ici Omar Khayyam illustre mathématicien et astronome né à Nichapour en 1015. Son œuvre maîtresse les Roubbayat collection de quatrains de vers magnifiquement ciselés est inspirée du soufisme, philosophie transmise à travers les siècles qui veut donner à l'homme une voie pratique pour atteindre un niveau de conscience supérieure.
L'ouvrage vu en vitrine est vraisemblablement «Les quatrains d'Omar Khayyam» traduits et présentés par Omar Ali-Shah (Albin Michel éd. 2005 )